"La protection de la mer est une obsession": Cannes installe des paniers anti-déchets pour que les détritus ne finissent plus à la mer

Ceci n’est pas une bouche d’égout. "C’est un récupérateur d’eau de pluie", précise à juste titre le maire de Cannes et président de l’agglomération Cannes Lérins, David Lisnard, devant une petite assemblée réunie autour d’une plaque. Distinction importante, car c’est au niveau de la Croisette côté Est, en grande majorité, que les déchets abandonnés au sol rejoignent la mer une fois chariés par la pluie. Ici aussi que se joue une partie de la politique environnementale menée par l’agglo à travers la commission "Qualité des milieux marins".
Vendredi 30 mai, cette dernière a inauguré l’installation de quarante-deux paniers anti-déchets aux abords du Palais des festivals et des congrès, sur un linéaire de 450mètres. Au fond de l’avaloir, le dispositif tout juste installé par l’entreprise partenaire Pollustock affiche déjà une gueule pleine de détritus: mégots, papiers alimentaires, etc. "Avec des centaines de milliers de passages chaque année, il a semblé nécessaire de se concentrer sur ce secteur, épicentre des manifestations", justifie Françoise Bruneteaux, adjointe en charge de l’environnement et du développement durable.
En finir avec le "bad buzz"D’autant que, si proche de la mer – voire carrément au-dessus –, "les eaux de ruissellement à cet endroit ne bénéficiaient pas du filtrage en amont", admet David Lisnard. Résultat: les macro-déchets finissaient à la sortie des exutoires, puis dans la Méditerranée. Laurent Lombard, plongeur et président de l’association Opération Mer Propre, se souvient encore de sa vidéo choc. Sûrement à l’origine d’une prise de conscience accélérée de la part des élus. En 2015, il avait filmé les fonds marins de la baie de Cannes jonchés de déchets et publié les images sur les réseaux sociaux. En 24 heures, la vidéo avait été vue près de 300.000 fois. "Dix ans après ce bad buzz, la différence est énorme, félicite-t-il. Avant, je sortais plus d’un millier de canettes des exutoires; aujourd’hui, on en est plutôt à une centaine, voire une cinquantaine. L’amélioration est indéniable, même si des problèmes persistent."
Au prix d’environ 500 euros par panier d’une capacité de 30 litres – sans compter l’entretien régulier et le détecteur de niveau, conçu pour éviter les embâcles –, ce sont des investissements "importants" que se permet Cannes Lérins. "L’environnement est une cause prioritaire, si importante qu’elle ne mérite ni effets d’annonce ni postures hypocrites, lâche le président. La protection de la Méditerranée est une obsession de longue date pour moi." Une "obsession" qui devrait se poursuivre avec l’installation de futurs paniers "tout le long de la Croisette".
Une opération dans la continuitéÀ Cannes, plusieurs dispositifs de récupération des déchets ont été installés par l’agglomération depuis 2020: des filets de récupération ont été mis en place à la gare maritime, sur un émissaire en mer en sortie du vallon du Poussiat, au Port-Canto et dans le vallon de la Foux. Côté équipements urbains, vingt et un paniers ont été installés sur la place Gambetta en avril 2024, soit soixante-six paniers au total avec les récentes installations sur le parvis du Palais des festivals.
Nice Matin